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La délicate conservation des méteils riches en protéagineux

Préfanage.Pauvres en matière sèche, ces fourrages réclament un long préfanage de soixante à soixante-dix heures, voire plus selon les conditions météo. Arvalis

Mélanges céréaliers-protéagineux. La valeur en vert est excellente, mais le résultat après ensilage peut l’être beaucoup moins. Ces méteils récoltés tôt sont souvent difficiles à valoriser si un long préfanage n’est pas possible.

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Les éleveurs à la recherche d’autonomie protéique peuvent être tentés par l’implantation de mélanges céréaliers riches en protéagineux (MCPI +). Ils sont semés en dérobée, souvent après un maïs, et destinés à une récolte précoce, entre la fin avril et avant la fin mai, pour privilégier la teneur en matière azotée totale (MAT). L’objectif est d’obtenir une forte proportion de légumineuses à la récolte (60 %) : féverole, pois, vesce, trèfle, associées à du triticale, de l’avoine ou de l’orge.

La particularité de ces MCPI +, ensilés tôt, est leur faible teneur en matière sèche (MS) au moment de la récolte. En moyenne 13,6 % de MS sur pied pour trente mesures réalisées par la chambre d’agriculture de Normandie. Cette teneur sera d’autant plus faible que la proportion de protéagineux est élevée et que le stade de récolte est précoce. Car avant la fin mai, l’accumulation d’amidon est trop faible pour relever le niveau de MS. Conséquence, le préfanage au champ est indispensable, mais plus difficile à réaliser que sur un autre fourrage, comme l’explique Anthony Uijttewaal, ingénieur agronomie et fourrage à Arvalis.

Des pertes représentant 3 à 12 % de la MS

« Le fort ratio tige/feuilles, avec des tiges de gros diamètre sur les légumineuses, ralentit l’évacuation de l’eau. Le couvert, souvent dense, maintient un microclimat humide, et piège la pluie et la rosée. Les andains ont tendance à s’affaisser, ce qui limite la circulation de l’air. Enfin, les chaumes clairsemés soutiennent peu les andains au-dessus du sol, ce qui rend la reprise plus délicate avec un risque de contamination par de la terre », détaille-t-il. Avec ces particularités, la coupe directe et le groupage des andains dès la fauche sont inadaptés. Le fanage apparaît aussi inapproprié avec le risque de souiller le fourrage, de perdre des feuilles ou des gousses. Il est aussi conseillé de faucher suffisamment haut (8 à 10 cm) pour permettre aux andains de rester posés sur les chaumes et d’être plus faciles à reprendre. Il faudra aussi être vigilant sur le type de faucheuse et les réglages. Un combiné triple en fauche à plat, puis un andaineur à tapis pour ne pas avoir à rouler sur le fourrage constituent un idéal, mais la disponibilité de ces matériels est un frein. Les itinéraires de fauche choisis sont un compromis entre la vitesse de séchage (fauche à plat, puis regroupement des andains) et l’importance de ne pas incorporer de terre au fourrage (fauche conditionnée sans toucher aux andains avant la récolte). Si une opération d’andainage est nécessaire, il faut le faire peu de temps (12 heures) avant l’ensilage. « Quoi qu’il en soit, ces fourrages demandent une durée de préfanage assez longue : soixante à soixante-douze heures, voire quatre-vingt-seize heures selon les conditions météo », note Anthony Uijttewaal.

Une difficulté vérifiée sur le terrain avec deux tiers des ensilages de MCPI + qui affichent une teneur en MS inférieure à 30 %. À ce niveau-là, le premier risque est d’observer un écoulement important des jus au silo. Des pertes qui représentent 3 à 12 % de la MS, avec une forte proportion de sucres solubles (importants pour la fermentation du silo) et d’azote soluble (13 à 46 % de la MAT).

Utiliser un conservateur peut être payant

À ce faible niveau de MS à la récolte s’ajoute une capacité fermentaire moyennement favorable pour les MCPI +. En effet, ils sont relativement riches en matière minérale (9 à 11 % de la MS) et en MAT, deux pouvoirs tampon reconnus. Complétons par un risque élevé de fermentations acétique et butyrique ou de composés non protéiques, tels que les amines, qui handicapent l’appétence et provoquent des pertes de matière organique et de valeur protéique. Sur des ensilages inférieurs à 20 % de MS, ces pertes fermentaires peuvent se situer à plus de 6 % et ajoutées à 10 % de pertes de jus et à une appétence très diminuée, l’addition peut être lourde.

Dans ces conditions de conservations difficiles, l’utilisation d’un conservateur peut se révéler payante. Avec de l’acide formique qui assure une baisse rapide du pH ou des bactéries lactiques, à condition d’avoir résolu les pertes en jus (préfanage suffisant).

Dominique Grémy, avec Arvalis

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